Mieux comprendre la diversité urbaine par les projets résidentiels des communautés immigrantes – Sondage auprès des communautés grecque, maghrébine, haïtienne et chinoise du grand Montréal.

Sébastien Lord
Paula Negron-Poblete

Ce Projet de recherche appliquée OIC de Sébastien LORD et Paula Negron-Poblete a été retenu pour un financement global (10 000$) lors de l’appel à projet de l’automne 2022.

Les projets résidentiels sont significatifs dans la vie des ménages québécois d’ici et d’ailleurs. L’achat d’une propriété constitue une part significative de leur budget, tout particulièrement pour les ménages issus de l’immigration. L’achat ou la location d’une propriété, quelle que soit la typologie de logement, s’inscrit dans des temps longs et implique l’enjeu de faire de « bons » choix. Les communautés culturelles du Grand Montréal peuvent ainsi placées devant certains enjeux, faire des choix cohérents avec les cadres résidentiels du pays d’origine, faire des choix qui s’inscrivent dans le contexte du pays d’accueil. Or, l’offre peut être significativement différente. Les ménages construisent leurs choix résidentiels selon des stratégies qui s’articulent selon différents critères (Authier, Bonvalet, Lévy, 2010). Ceux-ci seront liés aux coûts et aux disponibilités des biens immobiliers (prix, localisation, typologies, statut d’occupation, etc.). Ils sont aussi liés aux caractéristiques du ménage (taille, présence d’enfants, d’adolescents, etc.), leurs positions dans les cycles de vie (professionnels, retraités, aînés, etc.), leurs préférences (mobilité, accessibilité, aménités urbaines, cadre naturel, etc.) ou leurs aspirations (accession à la propriété, secteurs de prestige, rendement des investissements, etc.). Les communautés culturelles considèrent-elles ces critères de manière différentes ? Mettent-elles d’autres critères en jeu ? Les communautés culturelles ouvrent-elles des opportunités d’innovation au regard du marché immobilier ?

Les études de satisfaction résidentielle (Amérigo et Aragonés 1997) permettent d’explorer la mobilité résidentielle, la transformation de l’environnement résidentiel et le développement de processus cognitifs dont la modification des aspirations. L’analyse des modes/styles de vie (Thomas 2013), quant à elle, constitue une approche originale pour interroger plus la satisfaction résidentielle, en prenant en compte les transformations des ménages. Cette approche permet de prendre en compte à la fois les comportements et leurs significations. Par exemple, dans les choix de transport, cette approche montre que les modes/styles de vie sont plus déterminants que les variables socio-économiques. Thomas (2013, 2015) en Suisse ou Lord au Québec (2016, 2020) ont appliqué ces concepts aux choix résidentiels. Du point de vue de l’aménagement, mieux comprendre ces dynamiques des ménages s’avère primordial pour la planification urbaine, en témoignent les tensions actuelles sur le marché de l’achat ou de la location, la densification décousue des banlieues ou le développement mal planifié de résidences pour aînés. Du point de vue des ménages, supporter leurs parcours ressort également comme une donnée primordiale. L’objectif du projet est d’explorer théoriquement et méthodologiquement les choix résidentiels des immigrants par leurs modes de vie.