Le patrimoine des groupes ethnoculturels de Montréal

Claudine Déom
Sébastien Lord

Partenaires et collaborateurs du projet : Jean Laberge, architecte à la Division du patrimoine de la Ville de Montréal et Joanie Laroche, Conseillère en planification du Bureau d’intégration des nouveaux arrivants à Montréal (BINAM) de la Ville de Montréal.

Cette recherche vise à identifier ce que des groupes ethnoculturels de Montréal considèrent comme étant leur patrimoine. Par patrimoine, nous entendons l’ensemble des témoins matériels (bâtiments, lieux ou objets) et immatériels (traditions, rituels, coutumes) qui contribuent à définir une identité collective et, pour cette raison, devraient être conservés et transmis. Un groupe ethnoculturel regroupe les immigrants en provenance d’un même lieu. Il se définit aussi par l’appartenance aux origines ethniques des ancêtres. L’étude du patrimoine dans une telle perspective poursuit l’objectif plus large de contribuer à l’intégration des nouveaux arrivants à Montréal. Le renforcement de la solidarité, de l’équité et de l’inclusion de même que l’amplification de la démocratie et de la participation sont deux des quatre orientations du plan stratégique Montréal 2030 lancé par la Ville de Montréal en décembre 2020.

La Division du patrimoine de la Ville de Montréal est le partenaire principal de cette recherche. Au regard du Cadre d’intervention en reconnaissance pour le patrimoine de la Ville adopté à l’automne 2021, la Division du patrimoine souhaite mieux connaître les éléments tangibles et immatériels du patrimoine des différents groupes ethnoculturels de son territoire. Cette recherche permettra non seulement d’enrichir la notion de patrimoine à Montréal, mais de faire de sa gestion une qui est plus inclusive, ce qui pourra se refléter dans ses pratiques et ses politiques.

La richesse du patrimoine montréalais est associée à la diversité des lieux bâtis et aménagés, des savoir-faire et des traditions émanant des différentes périodes de l’histoire de la ville. Force est toutefois d’admettre que le patrimoine qui fait l’objet de reconnaissance ne tient que très peu compte des minorités visibles. En outre, il est difficile d’ignorer le fait que les groupes ethnoculturels issus des minorités visibles sont absents de la plupart des discussions et des débats et des activités de mise en valeur du patrimoine à Montréal.

Cette recherche s’inscrit dans le changement de paradigme du patrimoine dont les tribunes internationales – l’UNESCO notamment- font la promotion depuis plus d’une décennie. Cette nouvelle vision du patrimoine met l’accent sur l’importance des différentes parties prenantes dans le processus d’identification et de conservation. Elle ne cantonne plus le patrimoine aux lieux d’exception, mais l’inscrit plutôt dans l’ensemble des composantes matérielles et intangibles qui participent à la construction d’une identité collective dans le temps se manifestant tant à une échelle territoriale – comme le quartier – qu’architecturale par la fréquentation d’endroits qui composent un milieu de vie, tels que le centre de la petite enfance, le commerce de proximité et le parc. De ce fait, le patrimoine devient un levier stratégique pour le maintien de la qualité de vie au quotidien en raison de sa capacité à créer et à pérenniser un sentiment d’appartenance et de bien-être.

Cette recherche vise à répondre à ces trois questions principales :

1- Comment initier et tenir une conversation afin d’identifier le patrimoine des groupes ethnoculturels pour lesquels Montréal est la ville d’accueil? Qui convoque, qui anime et quels messages cherche-t-on à communiquer? 

2- Comment identifier le patrimoine quand celui-ci ne se limite plus au monument historique? Doit-on prioriser les marqueurs dans la ville ? Comment intégrer le patrimoine immatériel (rituels, célébrations, traditions) dans la discussion en sachant le rôle déterminant qu’il joue dans la définition d’une culture?

3- Comment conjuguer la mise en valeur, la conservation et la transmission de ce patrimoine avec d’une part, l’évolution sociale et démographique du territoire et, de l’autre, les intérêts économiques du secteur privé?