Chercheures associées du projet : Françoise Bichai, professeur à l’École Polytechnique de Montréal et Garance Gougeon, étudiante à la maîtrise à l’École Polytechnique de Montréal
Face aux effets négatifs grandissants de l’urbanisation et du changement climatique, des infrastructures vertes de gestion des eaux pluviales sont sont de plus en plus sollicitées partout dans le monde (Fowdar et al., 2021). Ces systèmes de drainage basées sur l’activation de procédés naturels permettent de diminuer les risques de surverses, d’atténuer les polluants et d’augmenter la résilience des systèmes de drainage en milieu urbain (Küller et al., 2019). Cependant, bien que leur application dans les régions chaudes ait largement été étudiée, des données soutenant leur efficacité dans les régions froides telles que le Canada sont rares (Kratky et al., 2017). Les climats froids sont entre autres caractérisés par des volumes importants de fonte des neiges contenant des taux élevés de contaminants tels que des sels de déglaçage (Kratky et al. 2017, Walsh et al., 2016). En moyenne, 800 000 tonnes de sels sont épandues sur les routes chaque hiver au Québec (Ministère des transports, 2019). À l’arrivée du printemps, ces sels sont transportés par les eaux de fonte qui affectent par la suite les nappes phréatiques, les sols, la flore, la faune aquatique et terrestre ainsi que les infrastructures. Une meilleure caractérisation des infrastructures vertes en région froide est nécessaires pour encourager leur implantation dans les municipalités telle que la ville de Trois-Rivières. Afin de choisir au mieux les futurs emplacements d’infrastructures vertes, l’outil d’analyse spatiale multicritère SSANTO (Küller et al., 2019) développé en Australie est en cours d’adaptation pour le Québec avec la Ville de Trois-Rivières comme premier cas d’application. La prise en compte d’une multitude de critères normalement non considérés en simultané, voire complètement oubliés, permet d’évaluer divers scénarios et ainsi de mieux comprendre l’impact des choix de planifications urbaines sur des contextes urbains divers et complexes.
L’objectif de ce projet de recherche est de prédire et d’évaluer l’impact des infrastructures vertes sur les sels contenus dans les eaux de ruissellement sous des conditions propres au Québec afin de mieux considérer ces critères lors du choix de l’emplacement et du type d’infrastructure verte dans le cadre de l’élaboration d’une stratégie d’implantation d’infrastructures vertes dans les municipalités québécoises.
En enrichissant les connaissances sur les infrastructures vertes en climats froids, cette étude permettra l’implémentation de nouveaux critères afin d’adapter au mieux SSANTO aux spécificités du territoire québécois. Plus généralement cette recherche participe donc au développement de SSANTO afin de proposer aux municipalités un outil plus performant pour un choix de planification urbaine sur le long terme plus éclairé.
Approche :
- Modéliser la contamination et la fonte des neiges
⁃ Rassembler les données météorologiques (précipitations, températures) pour Trois-Rivières disponibles en libre accès sur la période choisie.
⁃ Ajouter les paramètres nécessaires et les données météorologiques au modèle hydrologique SWMM existant afin de décrire l’accumulation et la fonte des neiges à Trois-Rivières.
⁃ Prédire l’accumulation des sels de déglaçage dans la neige. - Intégrer des nouveaux critères à SSANTO en lien avec la contamination de la neige
⁃ Revoir la littérature afin d’identifier les infrastructures vertes les plus adaptées
⁃ Collectionner des données géospatiales afin de définir des zones plus ou moins salées en milieu urbain
⁃ Implémenter les nouveaux critères à SSANTO Québec - Caractérisation de l’impact des infrastructures vertes sur la qualité des eaux
⁃ Determiner des emplacements propices à l’implantation d’infrastructures vertes en utilisant SSANTO
⁃ Comparer la qualité de l’eau de ruissellement résultante de la fonte des neiges avant et après l’implantation d’infrastructures vertes selon différents scénarios d’implantation.